Intentions ?
Abdallah Djaballah annonce la naissance de son nouveau parti " le FJD ouvert à tous sauf à ceux exclus par la loi"
Le fondateur de cette nouvelle formation politique a mis l’accent sur le militantisme, en indiquant que celui-ci est un moyen pour la protection de la nation de toute sorte d’anarchie.
En citant comme exemple la dilapidation et le détournement des biens publics, la corruption… Pour Djaballah la solution réside dans le militantisme. Le fondateur de cette nouvelle formation politique n’a pas manqué de mettre l’accent sur le danger exprimé par certains hommes politiques et les citoyens sur l’existence de ce courant islamiste, en rassurant que celui-ci ne constitue aucun danger pour la nation. «Ceux qui croient que le courant islamiste est un danger pour la nation ont tort», a-t-il estimé. En ajoutant que cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas certains courants qui constitueront un danger pour la nation. «L’islam est l’activité islamique innocente», a-t-il souligné. L’un des militants de ce nouveau parti que nous avons interrogé sur le report de la date de l’annonce de ce parti, nous a indiqué que celle-ci a été reportée à cause du manque de salles ces derniers jours. Il a précisé que ce report est loin d’être un refus exprimé par les autorités.
Makhlouf Aït Ziane - El Moudjahid 30/07/2011
Dans son discours, l’ancien leader d’El-Islah, a en effet tenté de rassurer l’opinion sur les intentions de son parti tout en restant intransigeant sur les principes qu’on lui connaît
Djaballah revient sur la scène politique en créant un nouveau parti, dont la dénomination ressemble curieusement à l’AKP turc, le front pour la justice et le développement. Si les législatives de juin dernier en Turquie ont révélé une nouvelle avancée de la formation de l’islamiste Erdogan, il est clair que la volonté de l’Occident d’imposer aux pays arabes le modèle turc comme alternative aux régimes actuels semble faire son petit bonhomme de chemin. En tout cas, Djaballah semble s’en inspirer sans toutefois céder sur l’essentiel.
Dans son discours, l’ancien leader d’El- Islah, a en effet tenté de rassurer l’opinion sur les intentions de son parti tout en restant intransigeant sur les principes qu’on lui connaît. Pas de changement de cap : d’abord la religion, puis le reste. Une manière de signifier qu’il demeure dans le camp de l’opposition radicale en souhaitant fédérer la mouvance islamiste qui ne se reconnaît pas dans les partis qui existent déjà sur le terrain et celle, du moins ce qu’il en reste, qui a disparu de la scène depuis la dissolution du FIS.
Le pari de Djaballah est-il possible ? Dans l’Algérie d’aujourd’hui où la configuration politique est des plus complexes, il est difficile de prévoir quoi que ce soit qui puisse justifier telle ou telle hypothèse. Djaballah qui a abordé le volet des réformes en réaffirmant que “l’Algérie vit une crise profonde” semble ignorer les conséquences de la politique de réconciliation nationale qui, entre grâce amnistiante et Charte pour la paix, a permis de neutraliser les radicaux islamistes dont l’influence sur la vie politique a nettement diminué. Preuve en est. La base islamiste n’a pas répondu présent lorsque des voix s’élevaient pour appeler à sortir dans la rue et changer le système lors des émeutes de janvier dernier.
Comment compte-t-il alors procéder pour remobiliser cette base ? Revenir au discours radical dont l’Algérie continue de payer toujours les conséquences, ou s’inscrire dans une ligne qu’il définit lui-même comme étant celle des “réformateurs” en plaidant pour une “alternance pacifique au pouvoir” ? Autant de questions qui demeurent en suspens et dont on pourrait connaître probablement les réponses en attendant l’agrément du FJD.