Histoires potagères

Publié le par le blog de Sassia

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Oxfam tire la sonnette d'alarme. Cette ONG prévoit une aggravation importante de la situation alimentaire à l'horizon 2030

Extraits de l’étude et projections :

Le système alimentaire plie sous la pression intense du changement climatique, de la dégradation de l’environnement, de la croissance démographique, de la hausse du prix des énergies, de la demande croissante en viande et produits laitiers, et de la concurrence sur les terres. Il est pris en étau entre les besoins de l’industrie, de l’urbanisation et la demande en agrocarburants. Tous les signaux d’alarmes sont au rouge. La flambée et l’instabilité des prix des denrées alimentaires dans le monde, le nombre croissant de conflits autour des  ressources en eau, l’exposition accrue des populations vulnérables à la sécheresse et aux inondations sont autant de symptômes d’une crise qui pourrait s’installer durablement : on prévoit une augmentation de 70 à 90% du prix des denrées alimentaires d’ici à 2030 sans tenir compte des effets du changement climatique, qui devraient encore faire doubler ces prix

 

La part dédiée à l’agriculture

Malgré un fort potentiel, l’investissement dans l’agriculture des pays en développement reste négligeable. Entre 1983 et 2006, la part de l’agriculture dans l’aide aux pays en développement (APD) a chuté de 20,4 % à 3,7 %, soit en valeur absolue un déclin de 77 %. Pendant cette période, les gouvernements des pays riches ont continué de subventionner leurs propres secteurs agricoles. Ces subventions ont atteint plus de 250 milliards de dollars par an21 (soit 79 fois l’aide à l’agriculture pour les pays en développement), sapant tout espoir de compétitivité pour les paysans des pays pauvres. Face à ces contradictions, de nombreux États des pays en développement ont choisi de ne pas investir dans l’agriculture, creusant ainsi un peu plus le fossé.

L’extension des surfaces de production ne devrait pas permettre de répondre à l’augmentation de la demande. Néanmoins, toute terre identifiée sera sans aucun doute très prisée. La grande majorité de ces terres semble se trouver en Afrique sub-saharienne et en Amérique latine. L’eau indispensable à l’agriculture est déjà plus rare que les terres. Près de trois milliards de personnes vivent dans des zones où la demande dépasse l’offre. En 2000, un demi milliard de personnes vivaient dans des pays en situation de pénurie chronique d’eau ; d’ici à 2050, cela devrait concerner plus de quatre milliards de personnes.31 D’ici à 2030, on prévoit  une augmentation de 30 % de la demande en eau.

Graphique p 17

 

L’accaparement des terres par notamment les pays du Moyen Orient

Le Moyen-Orient donne un aperçu des lendemains possibles. Les aquifères s’épuisent rapidement et la superficie irriguée recule. En Arabie saoudite, la production de blé s’est effondrée de plus de deux tiers depuis 2007, et si les tendances actuelles se confirment, le pays deviendra entièrement dépendant des importations dès l’année prochaine.34 Les États du Moyen- Orient figurent parmi les plus gros investisseurs fonciers en Afrique,35 motivés non pas par la pénurie de terres, mais d’eau. De nombreux gouvernements et élites des pays en développement accordent de vastes terres à des prix sacrifiés, à grand renfort de corruption. Les entreprises et les investisseurs s’enrichissent, tandis que les États en situation d’insécurité alimentaire se ruent pour sécuriser leur approvisionnement. Cette ruée a commencé avec la crise du prix des denrées alimentaires de 2008, et se poursuit sans fléchir : en 2009, l’Afrique a fait l’objet d’investissements fonciers correspondant à 22 années normales en seulement 12 mois

Graphique  p 18

 

Un nouveau type d’investisseur foncier

La rareté est toujours source d’opportunité. Et les investisseurs financiers sont passés maîtres dans l’art de traduire une opportunité en profit. De nombreux fonds spéculatifs, fonds de capital d’investissement, fonds souverains et investisseurs institutionnels achètent aujourd’hui des terres agricoles dans les pays en développement. L’un d’entre eux, Emergent Asset Management, profite actuellement d’opportunités sur des terres vraiment très bon marché en Afrique subsaharienne. Emergent a précisé qu’une terre en Zambie, bien que figurant parmi les plus chères d’Afrique sub-saharienne, se négocie à seulement un huitième du prix d’une terre comparable en Argentine ou au Brésil, et moins d’un vingtième d’une terre similaire en Allemagne. Emergent part du principe que la terre va générer d’importants retours avec la flambée des prix, en partie en raison de la demande foncière croissante des puissances alimentaires que sont le Brésil et la Chine.42 L’une des stratégies d’Emergent consiste à identifier des exploitations mal gérées ou en perdition, à les acheter à des prix dérisoires, puis à les transformer pour bénéficier de retours maximum. Une appréciation rapide du prix des terres fait office de filet de sécurité en cas d’échec de cette stratégie risquée. L’agriculture a désespérément besoin d’investissements. Selon Emergent, il ne s’agit pas seulement de créer des banques foncières, mais également d’investir pour accroître la productivité et intégrer de nouvelles techniques et technologies, ainsi que de réaliser des « investissements sociaux » dans les écoles, les hôpitaux et le logement. Certains investisseurs risquent toutefois d’être uniquement intéressés par un retour facile sur le foncier et ne souhaiteront pas s’engager dans une culture vivrière, plus délicate.

Voir Graphique p 19

 

Prévisions de hausse des prix dans le monde

Au cours des vingt prochaines années, le prix des denrées telles que le riz, le blé et le maïs devrait augmenter de 60 à 80 %. Cette hausse devrait frapper plus durement les plus pauvres. Par exemple, bien que l’alimentation représente en moyenne 46 % des dépenses d’un foyer en Afrique de l’Ouest, cette part grimpe à 53 % dans les foyers maliens les plus démunis (20 %). Et bien que dans la majeure partie de l’Asie du Sud, 40 % du total des dépenses du foyer soient consacrés à l’alimentation, cette part atteint 64 % pour la frange la plus défavorisée des foyers sri lankais.

Graphique p 22

 

Impact du changement climatique sur les prix des denrées alimentaires en 2030

Graphique  p 25

 

Qui contrôle le sytéme alimentaire ?

Graphique p34

 

Des profits tirés de la volatilité et une volatilité issue des profits  

Les coûts réels sont supportés par les familles. Les foyers pauvres dépensent jusqu’aux trois quarts de leurs revenus pour se nourrir,ce qui les rend très vulnérables à des changements soudains des prix.

 

Si la volatilité des prix a semé le chaos auprès des hommes et des femmes vivant dans la pauvreté, elle représente des opportunités exceptionnelles pour les sociétés agroalimentaires telles que Cargill, Bunge et ADM qui, selon certaines sources, contrôlent à elles seules 90 % du commerce des céréales dans le monde.Lorsque les prix sont stables, les marges commerciales sont très limitées. Mais en cas d’instabilité, les principaux négociants peuvent exploiter leurs connaissances inégalées des niveaux des réserves et anticiper les tendances de l’offre et de la demande. Au deuxième trimestre de l’année 2008, Bunge a vu ses bénéfices multipliés par quatre par rapport à la même période en 2007. La flambée du prix des cultures au cours du second semestre de l’année 2010 a permis à Cargill de réaliser ses meilleurs résultats depuis 2008, résultats que le PDG Greg Page a attribué à un regain de volatilité sur les marchés agricoles.97 De la même manière, au moment de la mauvaise récolte de blé en 2010 en Russie, les bénéfices de Bunge ont explosé. L’entreprise a attribué cette aubaine à des récoltes insuffisantes dues à la sécheresse en Europe de l’Est. « J’ai horreur de parler en termes de profits », a déclaré le PDG Alberto Weisser dans un entretien. Les activités de certaines entreprises sont à l’origine de cette volatilité, comme le fait de détourner les cultures alimentaires vers les agrocarburants. Le lobby de l’industrie des agrocarburants est une alliance inédite de sociétés agroalimentaires, de syndicats de producteurs, d’entreprises énergétiques et de producteurs d’intrants. Son influence a été fructueuse pour parvenir à imposer une part d’agrocarburants dans l’essence et le diesel et a entrainé une demande accrue sur les marchés alimentaires. Dans le même temps, les subventions et avantages fiscaux obtenus via le lobbying de l’industrie des agrocarburants a contribué à la contagion. Ces deux facteurs renforçant la volatilité. Depuis quelques temps, les regards se tournent vers les fonds de pension et autres investisseurs institutionnels, car 3 à 5 % de leurs investissements (plusieurs milliards de dollars) portent désormais sur la spéculation sur les denrées alimentaires. Selon le Rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation, ainsi que d’autres sources, ce flux soudain de demande déstabilise et renforce la flambée des prix. Préoccupés par les risques que présente une plus grande volatilité des marchés alimentaires pour leur portefeuille, certains investisseurs tels que le fonds de réserve pour les retraites (FRR) en France, le fonds de pension civil national (ABP) des Pays-Bas et le système de retraite des enseignants CalSTRS en Californie ont choisi de limiter leurs investissements dans les denrées alimentaires

 Les cas de l’Inde et du Brésil

Pourtant tous deux membres du groupe BRICS (qui réunit les économies émergentes du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud), le Brésil et l’Inde sont diamétralement opposés sur la question de la faim. Bien qu’ayant connu une croissance économique supérieure à 100 % entre 1990 et 2005,118 l’Inde n’est pas parvenue à faire reculer d’un iota le nombre de personnes souffrant de la faim. Ce nombre a même augmenté de 65 millions, soit plus que la population d’un pays comme la France.  À ce jour, une personne souffrant de la faim sur quatre vit en Inde.

Graphique : Parallèle entre prix des produits alimentaires et cours du pétrole p 38

 

Qui investit dans l’agriculture ?

Graphique p 56

 

Part des PED

Graphique p 57

 

L'intégrale : http://www.oxfam.org/sites/www.oxfam.org/files/growing-a-better-future-010611-fr.pdf 

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