Algérie : La tentation islamiste

Publié le par Sassia

 

 

L’Algérie se mettra-t-elle à la mode islamiste qui déferle sur le monde arabe depuis quelques mois ? Il est fort à craindre que oui ! C’est en tout cas ce que prévoient des scénarios confidentiels, concoctés en haut lieu, pour les prochaines élections législatives.


Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Selon une source très bien informée, «le pouvoir est en train de mettre en place un dispositif qui lui permettra à la fois de chambouler la carte politique nationale, tout en la contrôlant». S’appuyant sur des sondages confidentiels, les stratèges du pouvoir concluent, selon notre source, à la domination du courant islamiste dans la société algérienne. Une aberration pour un pays qui a sans doute le plus souffert du terrorisme islamiste qui a ravagé l’Algérie et continue encore à semer la terreur depuis 1990. «Deux ou trois scénarios ont été retenus en prévision des prochaines élections législatives. Et tous octroient un rôle central pour les islamistes», précise notre source. C’est ce qui explique, ajoute encore notre interlocuteur, «l’empressement du pouvoir à vouloir donner des agréments à quatre nouveaux partis qu’on tient absolument à faire participer aux élections. Et comme par hasard, trois sur les quatre partis en question sont islamistes ». Il s’agit, outre l’UDR de Amara Benyounès qui s’inscrit dans la mouvance démocratique, du PLJ (Parti pour la liberté et la justice), le Mouvement pour la prédication et le changement, qui regroupe les dissidents du MSP sous la conduite de Abdelmadjid Menasra, et le Front pour la justice et le développement de Abdellah Djaballah. «Pour les promoteurs de cette stratégie, il faut à tout prix saturer la scène politique par ces trois nouveaux islamistes, catalogués parmi les plus durs. Les informations obtenues par les services sont catégoriques : Mohamed Saïd, sponsorisé déjà politiquement par Ahmed Taleb Ibrahimi, sera soutenu par toute l’aile djazariste de l’ex-FIS. Une aile qu’incarnent Abassi Madani et l’AIS. Ceci, au moment où les salafistes rejoindront certainement les rangs de Djaballah et de Menasra. Quand on y ajoute les partis islamistes déjà existants comme le MSP, Ennahda, le MRN, etc., on aboutira nécessairement à l’émiettement de l’électorat islamiste. De sorte, on aura une majorité certes islamiste dans la future Assemblée, mais une majorité divisée, car le pouvoir mise sur les tiraillements historiques qui minent cette mouvance en Algérie ». Et qui pour seconder les islamistes ? «Deux options sont envisagées : ce sera ou le FLN, ou le RND.» Selon notre source, «c’est pour les besoins tactiques nécessaires à la réalisation de ce scénario d’une Assemblée à majorité islamiste que le pouvoir suscite, même indirectement, des opérations de création de nouveaux partis à l’intérieur du courant nationaliste, ce qui pénalisera essentiellement le FLN». Un FLN qui risque de perdre gros cette fois-ci, lui qui est fortement ébranlé par la dissidence du mouvement des redresseurs. «Il y aura certainement une initiative dans les jours à venir pour réconcilier les deux tendances, ou du moins aboutir à une sorte de trêve en prévision des élections car le pouvoir n’a pas du tout intérêt, non plus, à voir le FLN complètement laminé.» Pour les concepteurs de ce scénario irresponsable pour un pays qui endure les pires affres de l’islamisme politique depuis les années 80, l’objectif suprême est de se maintenir au pouvoir, quitte à composer avec le diable. «Avec l’émergence d’un régime à coloration islamiste en Tunisie, en Libye et très certainement encore en Egypte, le régime algérien veut devancer les événements pour offrir à la communauté internationale l’image d’un pays qui respecte la volonté populaire.» Mais à quel prix ?
K. A.

Le Soir d'Algérie - 12/11/2011

 

 

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