A 09h15, le neuf-quinze

Publié le par Sassia

 

Accoyer, Morano du jour


Par Daniel Schneidermann - le 12/01/2012

 

On parle toujours de Morano. C'est injuste. Cela doit faire des jaloux. Il existe, dans l'ombre, de nombreux Morano de rechange. Les bonnes volontés moranoïdes sont innombrables, et trop souvent sous-exploitées. La preuve: le Morano du jour s'appelle Accoyer, Bernard, président de l'Assemblée Nationale. A cent jours du premier tour, Accoyer n'existait pas. Invisible sur les écrans radar. Eu égard à ses hautes fonctions, c'était intolérable. Le pays grondait: mais que fait Accoyer ? Mais que pense Accoyer ? Mais pourquoi, en ces temps troublés, n'entend-on pas sa voix puissante ?

Donc, Accoyer parle de "guerre", en cas de victoire de Hollande. "Ne nous y trompons pas: si nous ratons ce rendez-vous de la responsabilité et du courage, les conséquences économiques et sociales pourraient être comparables à celles provoquées par une guerre" déclare-t-il exactement lors de ses voeux à la presse (car Accoyer, lui aussi, a présenté ses "voeux". Pourquoi chacun aurait-il le droit de régaler les journalistes accrédités, et pas lui ?) Résultat éclatant: dans les radios du matin, il n'est question que d'Accoyer, sa guerre et ses voeux. Aphatie appâté invite Accoyer, et le bombarde de sermons aphatesques. Franchement, là, n'êtes-vous pas allé trop loin ? Ne regrettez-vous pas ? Patrick Cohen demande à Bayrou de réagir à Accoyer. La guerre d'Accoyer est le café du matin, le socle sur lequel on va bien attaquer la journée.

Accessoirement, quelques minutes plus tard, on apprend que Bayrou est opposé à la suppression du quotient familial. Avec les mêmes arguments, exactement, que l'UMP accusant Hollande de vouloir tuer les petits enfants. Au moins, cela clarifie les choses. C'est inimaginable, combien cette affaire du quotient familial aura fait, pour tracer aux yeux de ceux qui veulent bien voir, une ligne de partage, au-delà de ce qu'imaginent tous ceux qui se prononcent sur la question. Si j'étais taquin, et que je voulais animer un peu nos forums, je dirais que ce débat resuscite la vieille, la très vieille ligne de partage, entre ceux qui demandent un peu de justice ici-bas, et ceux qui estiment que la chose, somme toute, peut bien attendre le jugement dernier.

 

Source : Arret sur images

 

 

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